Togo/ Suspension du journal Tampa Express : Le CPJ lance un appel au gouvernement
Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) a appelé les autorités togolaises à lever la récente suspension de trois mois du journal Tampa Express, un bimensuel sanctionné après la publication d’un article critique sur un responsable du gouvernement.
Angela Quintal, directrice du programme Afrique du CPJ, a souligné que la régulation des médias devrait promouvoir un journalisme responsable et non servir d’outil de censure punitive. « Les autorités togolaises doivent permettre à Tampa Express de reprendre sa publication sans délai », a exhorté Quintal depuis Durban.
La justification de la HAAC pour la suspension
La Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (HAAC), l’organisme de régulation des médias du Togo, a annoncé la suspension le 4 novembre. Selon la HAAC, l’article du 30 octobre du journal contient « de fausses informations sans preuve » et de multiples manquements à l’éthique journalistique. L’article accusait Sandra Ablamba Ahoéfavi Johnson, éminente ministre et représentante de la Banque mondiale pour le Togo, d’exercer une influence politique induite et d’interférer dans les nominations de la HAAC.
Au cœur de la controverse se trouve le titre de l’article, qui fait référence à Johnson comme l’une des « putains de la république ». Francisco Napo-Koura, rédacteur en chef du Tampa Express, a expliqué que cette expression faisait référence à l’auteure française Christine Deviers-Joncour, célèbre pour avoir exprimé les personnalités politiques. Napo-Koura a fait valoir que l’expression était destinée à être une critique et non une insulte.
Ce n’est pas la première fois que le Tampa Express est confronté à une suspension. La HAAC avait déjà suspendu le journal en 2023 à la suite d’un article sur une prétendue mauvaise gestion d’entreprise, qui avait donné lieu à des plaintes d’un PDG d’entreprise. Au total, Tampa Express a été sanctionné quatre fois depuis 2022. De plus, Napo-Koura est impliqué dans un procès en diffamation découlant du même article, dont l’audience était initialement prévue pour octobre 2023, mais a ensuite été rapportée.
Les inquiétudes du CPJ concernant la liberté de la presse
La déclaration du CPJ souligne les inquiétudes croissantes concernant la liberté de la presse au Togo. L’organisation estime que la suspension de Tampa Express ne fait que limiter le discours public et entrave la capacité des journalistes à demander des comptes aux personnalités influentes.
Le CPJ exhorte le gouvernement togolais à revoir son approche de la régulation des médias, en permettant aux journalistes de faire leur travail librement sans crainte de sanctions.